Une après-midi boulevard Soult…
Je pressais le pas sous un cagnard étouffant. Un rendez-vous avec Mercedes au café de la Terrasse au coin de l’avenue de St-Mandé et j’avais déjà un quart d’heure de décalage horaire. De plus en plus étourdi je m’assis néanmoins sur un banc le temps que ça passe. J’ai dû perdre connaissance. En me relevant pour me diriger vers le rade, j’aperçus une Juva 4 pétaradante filer le long de l’avenue. Puis un bus de la PC, comme je n’en avais pas vu depuis plus de 50 ans, s’approcha de l’arrêt. Me rasseyant, je me rendis compte que j’avais encore fait une syncope spatio-temporelle. Ça devenait lassant.
Le café, la pharmacie et le chocolatier A Trianon étaient bien là où je les avaient vus pour la dernière fois en 2016.
M’approchant de la maison de la Presse de l’autre côté du boulevard, j’aperçus la date sur un exemplaire du Parisien-Libéré : 1953. Je mis la main à la poche pour l’acheter, mais ne trouvais qu’une poignée d’euros et de centimes.
Comme d’habitude, je me retrouvais sans le sou. Ni ma Carte bleue, ni les euros dans mon portefeuille ne me seraient de la moindre utilité. Il allait encore falloir dérober de quoi survivre, en attendant un hypothétique retour au XXIe siècle…
Ahhhhh mais quel bonheur ces petits sauts nostalgiques dans un Paris disparu !!! On songe à Céline et ses banlieues baveuses où les quintes de toux sont à l’aune de la poussière qui s’élève des boulevards encombrés de tacots et de voitures des 4 saisons. Une dame de plus de 80 printemps venait encore prendre une bière au bistrot Gudule au carrefour Picpus il y a quelques années. Portant béret rouge et manteau usagé, elle me racontait comment était Paris quand au-delà du boulevard Soult on apercevait encore la campagne. Des récits d’une autre époque mais qui font du bien comme un souvenir vécu.
Merci aux animateurs(trices) du site de la Villa… on se sent ensemble et en ces époques de plomb et de solitude, ça réchauffe grave :o)
Séverine D du 6
PS : merci également pour les pressions auprès de la mairie… ils ont commencé à remettre en place la chaussée défoncée par l’installation du bunker sur rail. On attend le rebitumage mais c’est déjà mieux.
Sympa la photo Soult 1953 !
j’ai enrichi ma connaissance des vieux tacots avec la Juva 4 et mon vocabulaire dans le Larousse argotique, avec « le rade » : comptoir de café ou de bar, pour les ignares comme moi !
merci pour ce texte.